Les œuvres de l'artiste Orsini Monique

Monique Orsini est né à Quercitello (Corse) en 1937 de parents enseignants. Son père consacre ses loisirs à la peinture, se plaisant notamment à reproduire des œuvres d’artistes célèbres. Dès sa plus tendre enfance, la jeune fille est naturellement attirée par les arts visuels, encouragée par une complicité paternelle de chaque instant. Etudiante, elle participe à de nombreux stages artistiques et se tient en contact permanent avec l’art en général, les galeries et les musées en particulier. Cet environnement lui devient peu à peu indispensable.

Adossée à sa position d’autodidacte déclarée, Monique Orsini enseignera plus tard les disciplines artistiques et animera de très nombreux ateliers d’enfants. L’artiste tirera un grand profit de ses expériences professeur-élèves, les intégrant à la syntaxe de son propre vocabulaire créatif.

Les circonstances de sa vie artistique lui feront rencontrer et côtoyer des artistes comme Karel Appel, Olivier Debré, Bram Van Velde, Hans Hartung ou Pierre Soulages. Bengt Lindstrom tient une place particulière, car l’artiste suédois la soutiendra avec force et la poussera à montrer son travail.

[Monique Orsini, Les joies de l'informel, Marcel Paquet, Ed. Cercle d'Art, 2001 ] [Monique Orsini, Ecriture voyageuse, Lydia Harambourg, Ed. de l'artiste, 2008]

Monique Orsini pratique une peinture informelle, sans avoir rompu avec le réel dont elle connaît les richesses secrètes qui nourrissent la peinture française d’ Hartung à Débré en passant par Bazaine. L’abstraction lyrique y a puisé ses sources et a été fécondée par la conscience de l’espace, dont l’expérience fait de l’exercice quotidien de la peinture, une manière d’être au monde.

Dans son engagement entre une grande part de perception sensible laissée à l’émerveillement, qui a valeur d’inspiration. L’œuvre s’impose à l’artiste dans une double attente d’accomplissement et de dépassement. Le geste est alors convoqué comme l’unique interprète d’un processus complexe où une nécessité intérieure et extérieure s’accorde. Ample et rayonnant, au plus près du corps, il retrouve le dessin d’un élan similaire à celui du vent, de l’eau, des nuages, il en épouse les flexions sûres et imprévues, toujours vraies, en tissant des correspondances, non pas figuratives, mais allusives pour des retrouvailles originelles avec le rythme, les poussées intérieures, les lignes de force qui écrivent l’univers.

Depuis ses débuts, l’œuvre de Monique Orsini se veut en osmose avec les lois qui régissent la nature. Son approche, d’autant plus souveraine que sa maîtrise des difficultés inhérentes à l’apprivoisement spatial de la toile est constante, la situe dans l’apprentissage intériorisé de l’abstraction. L’exercice est périlleux qui consiste à ne jamais appauvrir un langage qui mise en priorité sur le souffle vital et la dynamique des signes. Un panthéisme fervent, régénéré par  l’émotion suscitée par un paysage, une vision, au sens quasi mystique du terme, qui s’approprie un monde où puisse s’immerger le peintre, avant de nous l’offrir en partage.

Son goût des voyages, la découverte de pays à la diversité géologique, colorée et lumineuse induisent chez elle une pratique sérielle. Monique Orsini s’est dotée d’une écriture qui, avec les années, s’est affirmée jusqu’à l’identifier sans que l’on puisse la confondre. Fidèle à elle-même, elle poursuit sa recherche avec une rare exigence qui n’a d’égale que sa quête d’une peinture signifiante, nourrie de la vérité de ses pérégrinations gardées dans les méandres de sa pensée, longtemps après qu’elle eut quitté les lieux. Sa capture visuelle continue son chemin dans l’intimité d’une mémoire disponible aux sensations les plus vives. Les signes, intuitivement libérés par une gestation mentale, sont ceux, vécus, des remous de l’arbre, des lumières boréales ou crépusculaires sur la mer, du ressac des vagues, des épousailles de la terre et du ciel, visibles et invisibles, qui sous son pinceau retrouvent des équivalences plastiques autonomes. Transposés sur le champ de la toile, les tracés aériens s’écrivent dans une croissance gestuelle inlassablement reconduite. Généreux dans leur aplat, appuyés, ou bien s’effilochant en fines zébrures parallèles, chaque signe et chaque forme témoignent des tensions internes ou pulsions vitales. Une peinture dynamique et raffinée qui se laisse appréhender de toute la force et de toute la spontanéité du geste. Plus celui-ci est rapide, plus il est assuré et juste, affirme Monique Orsini.

Un travail dans l’instinct et dans le temps. Cette peinture du mouvement et du signe qui insuffle une énergie, en signifiant une présence, est l’expression d’une vie intérieure et conséquemment d’un style qui s’impose dans l’unité conquise, qu’Henri Focillon analyse comme une qualité supérieure de l’œuvre d’art qui permet d’échapper au temps.

La peinture de Monique Orsini s’inscrit dans un dialogue soutenu entre son écriture et le vide. Le rapport qui lie la lumière à la matière. Entre flux et reflux, entre ce qui se dévoile et se cache, quelles règles mystérieuses dictent son langage ? Ses récentes séries permettent d’en mesurer toute la maturité fervente dans une fureur impulsive dominée. De retour d’un voyage à Shanghai, la flore a déclenché une appétence inédite à la couleur. Dans son impatience, à confronter ses impressions à son expérience gestuelle, Monique Orsini a convoqué des roses, des mauves au sein d’une calligraphie fougueuse domptée dans ses turbulences.

L’écriture de MO est ainsi, elle voyage à travers le pays qu’elle découvre avant de revivre à l’atelier.

Récemment, le noir, profond et velouté, a assailli la nappe virginale et silencieuse, en traçant des lignes flexibles et d’une grande lisibilité. Lames et courbes qui associent la rigueur au raffinement, dans l’urgence du geste pris dans la tourmente batailleuse d’une chorégraphie graphique exprimant l’immatérialité. Celle-ci force notre regard et le plonge dans l’inconnu vibrant d’ombre et de lumière vibrant d’ombre et de lumière, en conférant à sa peinture une dimension quasi cosmique. Aplats et vibrations s’ordonnent sous ses brosses qui expérimentent de nouvelles résistances au vide à partir d’irisations, de faisceaux striés, de coulées nerveuses souplement arrêtées. Les assauts gestuels sont mus par une pure énergie qui tentent de juguler un espace travaillant sur l’imaginaire. Cette relation complexe que l’artiste entretient avec la réalité sensible, Monique Orsini nous en dévoile les beautés abstraites tapies dans son âme et son subconscient. Un vécu sensible transcrit par l’immanence de la lumière levée d’un geste qui précède la pensée pour réinventer le paysage.

Telle est la force de la peinture de Monique Orsini qui, entérinant les acquis de la génération d’après-guerre, est parvenue à construire un champ pictural à un métier pleinement accompli. Du chaos ordonné, surgissent des signes inscrits dans la fluidité spatiale, des formes vibrantes dont l’évidence suggère la prodigalité de l’élan. Les tons modulés dans l’acrylique mouillé et travaillé comme de l’aquarelle, réservent des accords inattendus, pour des paysages intérieurs avec lesquels Monique Orsini fait la synthèse de l’harmonie et de l’équilibre du cosmos.

Quelques mots de l’artiste : « La peinture m’est indispensable, au même titre que la respiration. Elle m’astreint à une discipline librement consentie et parallèlement me stimule et m’équilibre ». Sur toile, sur papier, Monique Orsini travaille le plus souvent par séries, se donnant pour tâche principale de peindre afin de nous aider à mieux vivre, nous proposant de communier à la même source d’émotions transcendantales. Son monde est le monde informel. Au-delà des expositions collectives auxquelles l’artiste a pris part, de nombreuses expositions personnelles, en France et à l’étranger - notamment en Suède - ont jalonné, au fil du temps, le parcours artistique de Monique Orsini.

L’artiste vit et travaille près de Paris

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